• Mai 2015, Premier trajet a velo

     03/05/2015

    Monsieur Vélo réparé et prêt au départ.

     

    Si quelqu'un a sali le drapeau, car c'est de cela qu'il s'agit, il faut qu'il le dise dès à présent“

    Jean-Yves LeDrian, ministre de la Défense, réagissant aux accusations de viols sur mineurs commis en Centrafriques par des soldats français. (source: Lefigaro.fr)

     

     

    14/05/2015

     

    Au soir du huitième jour, je décide, entre Rheden et Hildesheim, d'utiliser un peu mon sens de l'orientation, aptitude assez nouvelle et encore à améliorer, et bifurque de l'autoroute à cyclotouristes, direction Nord-Ouest. Je retrouve vite une route presque principale, semblant se diriger sans trop de bosses en direction de quelques éoliennes et que je n'arrive tout d'abord á quitter que pour dessiner des angles droits dans les champs. Enfin , là où Hildesheim m'est enfin indiquée, je quitte la route, dangereuse, pour des chemins forestiers, et y retombe quelques kilomètres plus loin, dans un village au nom sonnant Flamand : Diekholzen. La colline est derrière moi, j'ai respiré l'humus et écouté le silence fait de ruisselement, de chants d'oiseaux lointains et de vent dans les arbres… Les six plus beaux kilomètres depuis le deuxième jour.

     

     791 km depuis Presberg, 2091 depuis le depart de St Etienne

     

    15/05/15

     

     

     

    Petit déjeuner sur le pré après une Free Party spéciale ascencion (note culturelle: l'ascencion, ici, c'est aussi la fête des pères et le jour où l'on se bourre la gueule). Saucisses de la veille, petits pains glânés, pommes. Autour des braises fatiguées, Steeve, coeur brisé et père éloigné, Alp, „mauvais“ Musulmans noyant son péché dans la bière, et moi. Nous invitons nos jeunes voisins, frais sortis de la tente, à partager notre humble et gras petit déjeuner, et ils nous apportent de délicieuses salades.

     

     

     

    ALP: Fais des enfants. Pourquoi tu veux construire une maison ? Ton copain, il suffit qu'il sente ton odeur, il te construit une maison en moins de deux! C'est ça, l'amour… Pourquoi tu te compliques la vie ? Fais des enfants !

     

    Un jeune homme blond s'approche

     

    LE JEUNE HOMME: Ça, c'est les Turcs. C'est pour eux qu'on va bosser. Vous avez de la chance que vous pouvez rester là, assis à dire des conneries. Y'en a qui bossent.

    ALP: Si on a de la chance, fais comme nous, va pas travailler –

     

    LE JEUNE HOMME: Vous avez déjà bossé dans la construction ? Hein, été sur un chantier ? Tu sais pas ce que c'est, hein ?

    STEEVE: Chance ?

    LA CYCLISTE: Moi, j'ai déjà bossé sur un chantier.

    STEEVE: J'ai même plus de maison, plus de boulot, elle est partie avec les gosses...

    LE JEUNE HOMME: T'as de la chance que tes parents soient riches. Moi je bosse depuis mes dix-huit ans.

    LA CYCLISTE: J'ai vingt-huit ans, mes parents me donnent plus de pognon.

    ALP: Détends-toi, mec.

    Steeve commence à pleurer

     

    LE JEUNE HOMME: Moi, je me lève le matin. C'est facile de partir faire la touriste à vélo.

    LA CYCLISTE: Si ça t'emmerde, arrête. Crois pas que c'est facile, Ça prend du temps et c'est du boulot.

    LE JEUNE HOMME: Et comment je paye mon appartement ? Comment je paye ma voiture ? Comment je paye mon téléphone ?

     

    Rideau de brume matinale

    ###

     

    Après-midi.

     

    Je suis le chemin indiqué par des cyclistes locaux en direction d'un certain Gifhorn, siège d'un certain Musée du Moulin, puis le perds et me retrouve le long du canal parallèle à l'Elbe. Je redemande à un cycliste, et c'est la bonne rencontre : il m'indique que le bord du canal, à cet endroit, est praticable pour un vélo, et qu'il va à Gifhorn. Il m'accompagne un moment, s'arrête pour dire bonjour à des copains, et les copains nous offrent une bière dans leur jardin. Ce sont des „Freaks“, la soixantaine, cheveux longs et couperose: Kitty, Rolph, Helmut. Mon accompagnateur, Čese. Nom d'artiste. On échange des histoires drôles ou d'aventures, parle de politique, parle en même temps mais je comprend quand même que le gouvermnement veut interdire aux syndicats minoritaires de faire grève. Je me demande ce que dirait Sud Rail, si cela arrivait en France. On parle de ces „paresseux“ de Grecs, de la Merkel et de la fin de la démocratie, on parle des médias et de tous ces cons qui détiennent une carte d'électeur.

     

    Le soleil baille et rosit. Čese et moi enfourchons nos vélo et il mínvite à planter ma tente dans son jardin, puis finalement à dormir dans son salon. Seize km de faux plat descendant, vite avalés. Chez lui, c'est un petit terrain de loisir dans un lotissement, avec une maisonnette pas mal aménagé et l'ombre bleue des conifères. On parle encore longtemps de voyages, on mange le „pain du soir“, et le matelas qu'il m'offre est particulièrement comfortable. Mon but n'est plus si loin, et je reverrais bien ces gens.

     

    17/05/2015

    Temps changeant. Pas de gros problèmes. À Dahlenburg, petit café vieillot avec divans fleuris et veloutés, tapisseries et dentelles aux murs, nappes épaisses, ambiance pays de l'Est (quoiqu'on soit encore dans l'ancienne RFA). Je commande un „Brötchen mit Wurst“ et un café, bien dissout, comme le font les vielles gens en Allemagne. C'est bon, c'est gras, ça réchauffe, ça repose. Un homme entre en marmonnant „ Mahlzeit“ et commande son ordinaire. Je remercie et complimente, paie, la patronne me souhaite beau temps.

     

    À Neu Darchau, je prends le ferry sur l'Elbe, fleuve qui prend la place qui lui chante dans ce plat paysage. La pluie me suit, se retire, se moque, me taquine, mais je m'en fout, car ce soir je dors dans un lit.

     

    J'arrive chez mes hôtes en même temps que des adopteurs de chiots. Doro s'occupe d'eux, Lars cuisine sans être très loquace, me montre ma chambre, la seule pièce à l'apparence à peu près „normale“ de la maison : Elle accueille parfois des enfants placés. Je croise Fred, volontaire et  vagabond Danois arrivé la veille. Le chiot parti, nous échangeons des histoires de voyages avec Doro, qui a une longue expérience de „Freak“ en Espagne.

     


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