• 16/04/2014

    Fribourg

    Rencontre d'une Colombiano-Bernoise, Karmen Ramírez, qui m'a proposé de dormir chez elle en passant à Berne. Julien m'a emmenée à une conférence organisée par un de ses amis, sur l'accaparement 'une région minière en Colombie. Évidemment il a fallu que j'ouvre ma gueule... Sa colocation me plaît assez, ses colocataires ont invité deux Polonais à dormir, après une rencontre dans la rue.

    Avant-hier en arrivant de Lausanne, alors que je prenais un coup de blues, lovée au creux des murailles de la ville, une pluie de pétales, apportée par le vent, est venue réenchanter mon monde.

     

    Note: Serait-il possible de faire une thèse de linguistique sur la Novlangue dans les milieux universitaires ?

    Lu : Globalia, J-C Rufin

     

    Fribourg – Berne

     

    Vent de face : 3h30 de trajet. Net changement de style architectural depuis Lausanne. Ici les maisons sont en bois, les facades couvertes de petites tuiles de bois, les balcons ouvragés et couverts de citations bibliques:

    Rencontre de Mohamed, le „ fou de Berne“, qui m'indique le chemin en 3 langues. Mohamed porte écharpes sur tuniques sur vêtements de couleurs vives, fait de grands gestes quand il se lève et passe ses après-midis, à horaires plus ou moins réguliers, à bavarder avec d'autres immigrés sur la place principale de Berne. Je l'aime d'un amour collectif, et vole dix minutes, euphorique, dans la directions indiquée. Mon hôtesse vit dans les quartiers populaires Nord de Berne et les murs se couvrent de graffitis et d'affiches parfois intéressantes. Pour mon premier passage en Suisse germanophone, je soupe et dîne chez Karmen Ramirez et avec ses amnis politiciens en Colombie. M'étant mise ce matinen mode „Allemand“, j'ai du mal à opérer les allez-retours linguistiques et l'effort s'ajoute à ma fatigue.

     

    17/04/2013

     

    Thunsee (Sigriswil)

    Toujours pas la grande forme psychologique. La récupération semble plus difficile ici, notamment dans les boulangeries, et je ne sais pas si c'est pour des raisons culturelles ou dû à une moindre habileté langagière en Allemand qu'en Francais. Enfin ! J'ai fini par trouver une boulangère qui m'a proposé d'attendre sa fermeture (à 16h !!) pour récupérer les invendus. En attendant je joue de la musique au bord du lac...

    Il fait beau, je suis dans un endroit magnifique et pourtant, jusqu'à ce moment, l'échec m'a collè à la peau toute la journée. Et encore le sentiment perdure : que je rate quelque chose, que ce voyage est une absurdité..

     

    Notes sur Berne : Ville moins riche et visiblement plus européenne, plus politisée, aussi, que les bords de lacs. Immense squat près du chemin de fer, cf. Photos...

     

    Soir (après Brienz)

    Ai fait la rencontre d'un homme qui avait cassé son câble de vitesses. Ne pouvais pas l'aider mais nous sommes allés ensemble chez son père, qui m'a offert sirop, fromage et chocolat. La socialisation reprend mais suis un peu mal à l'aise à cause de la barrière de la langue. À Brienz, capitale de la sculpture en bois (toute la région est pleine de „Holzbau“), il y avait un vernissage. Les photos sont belles mais me sens un peu trop „outsider“ pour faire la pique-assiette, alors je sors de la ville, monte un petit chemin et trouve un coin pour dormir près d'une grosse maison qui fait office de petit musée pour je ne sais trop quoi. Sandwiches de pissenlit. Y'a aussi du serpolet, une autre aromatique que je ne connais pas, et des fraisiers, mais tout juste en fleurs. Depuis Bourgoin je scrute les fraises et les premières étaient les plus avancées... mais je ne désespère pas.

     

    Bande son :

    Stirb nicht vor mir (Rammstein)

    Hallelujah (L: Cohen)

     

    18/04

    Brienwiller: Beau petit village de montagne

    Brünig : jardin partagé combiné à une AMAP. Trop tôt dans la matinée pour y voir les gens, tant pis.

    Église de Luzerne : Une espèce de fleur électronique en plexiglas m'accueille en s'ouvrant „grâce“ à un détecteur de présence qui s'active lorsque quelqu'un entre dans l'église. Brrr...

    À 8km de Zug, la pluie tombe un peu trop. En cherchant mes vêtements de pluie je suis abordée par un homme, Ali, originaire du Kurdistan Irakien, qui m'offre un café dans son foyer d'hèbergement. Il est gentil, promet qu'il ne viendra pas se glisser dans mon lit, alors après plusieurs réitérations de son invitation je reste dormir.

     

    19/04.

    Ai quitté Ali et Holzhauser à 10h et sans y avoir vu de maisons en bois. Juste avant de le rencontrer j'avais stocké du müsli, alors tant pis pour mon voeu de voyage sans argent, je reprendrai la récupération une fois passée la frontière allemande, voir si la chance me sourit de nouveau.

     

    Mordor (Zürich)

    Contraste total avec la Suisse Romande : les toilettes sont payantes, les marchands dans le Temple et les panneaux en Anglais. Je trace.

    Bande son : I will Survive. Un peu plus d'énergie mais la solitude m'étouffe depuis l'entrée en territoire Germanophone. Envie d'arriver vite à Fribourg (Allemagne), de voir Jörg, de discuter, de me poser. Temps sec mais froid. Aller quand même à Constance. J'aurais alors vu assez de lacs pour une année, et aucun patinable.

    17h30 : Suis arrivé à Technorama, „The Swiss Science Center“, presque à l'heure de la fermeture et juste à temps pour y marquer gratuitement mon territoire.

    Aprés Frauenfeld ai essayé de demander dans une ferme si je pouvais monter ma tente, mais n'ai trouvé personne d'autre qu'un chien peu sympathique. Du coup j'ai eu peur de redemander ailleurs, et je monte ma tente dans un pré, sous un pont au cas où il pleuvrait. Aujourd'hui je n'ai que mollement cherché des invendus, et ai fini par trouver une mangue au trois quarts bonne dans une poubelle verte (organique) : Miam ! La chaleur de la tente va me faire du bien...

     

    20/04/2014 (Pâques)

     

    Bonne récup de fruits ce matin, á l'arrière d'une épicerie : tomates, pommes, poires, oignons.

    Konstanz est une belle ville, et j'y ai rencontré un voyageur à vélo qui mendiait devant une église. Dans l'église, luthérienne, j'ai appris que la vie, c'est comme un métro : c'est sombre, mais on finit par en sortir...

    La lumière est insuffisante pour prendre de bonnes photos du lac, ou même pour bien le voir, mais ca vente et ca sent presque la mer. Je n'aurai de toutes facons pas le temps d'en faire le tour...

    En sortant de la ville, je rencontre un second cyclo-vagabond devant une seconde église. Il a une barbe blanche, un trike et une remorque avec un chien. Finalement je revois le premier : ils se connaissent et ils s'attendent. Je me disais aussi... Quoiqu'il en soit, l'ambience s'est détendue, les gens sourient et les voyageurs se sentent bien : je respire.

    À Stein-am-Rhein, les maisons du centre de la ville sont peintes de couleurs vives, l'ambiance est médiévale et je me prends a penser que je tenterais bien une petite manche musicale.. Finalement je vois un vrai musicien avec trompette et accordéon, et un panneau qui dit „Grüssen von Lettland“, alors je le laisse bosser et m'en vais affiner mon harmonica sur les bords du Rhin.

    Blowing in the wind : Ok

    Les mangeux d'terre : Ok

    Hallelujah: Y'a du boulot

     

    À Busingen, je trouve la Galerie Romàn Reyes, un artiste cubain, peintre mais qui travaille aussi le métal. Il a un vélotaxi de toutes les couleurs et une horloge fabriquée à partir de pièces de vélo. Mr vélo aussi commence à se sentir mieux, et pourtant nous sommes dans une enclave Suisse sur le côté Allemand, ou une enclave Allemande côté Suisse, je ne sais pas bien. J'ai passé la frontière plusieurs fois aujourd'hui, je suis un peu perdue et Román m'explique que de toutes facons, ici, il n'y a de douane que d'un côté de l'enclave, ce qui fait que si je comptais sur le nombre de fois, pair ou impair, que j'ai passé une douane, pour savoir dans quel pays je me trouve, ca n'aiderait pas. Je peux compter sur le côté du Rhin sur lequel je me trouve, mais parfois je ne suis pas sûre si je vais dans la bonne direction... Bref. Envie de quitter la Suisse.

     

    21/04/2014

     

    Nuit trop courte dans un parc à Zurzach : me suis couchée à 21h, avec le Soleil, et réveillée à 4h par une petite bruine et la peur de me faire virer. À Cinq heures je me lève et pars, par les chemins car il ne fait pas encore jour et ma lumière arrière souffre d'un faux contact. Le temps est maussade mais j'aime cette sensation : rouler, doucement, sans trop savoir si l'on va tomber sur un nid de poule ou un caillou, dans la semi-obscurité qui s'éclaircit peu à peu, seul au monde et avec les sons du petit matin, le froid, la brise, l'humidité, l'odeur de l'humus ou du sable, et le Rhin, mon nouveau compagnon de route, qui coule tranquillement à ma droite et me guidera encore un bon moment.

    À Gaust, près de Bâle, Mustapha, tenant boutique, m'offre le café et un sandwich. Un autre cyclovoyageur venu d'Anger passe. Il descend l'Eurovélo 6 jusqu'en Roumanie, s'il le peut, puis a prévu de remonter vers Oslo pour y retrouver son amie et faire le voyage retour avec elle, tout ca en six mois de congé sabbatique.

     

    Après Bâle je fais des allers-retours entre Huningue (France) et l'Allemagne pour retirer de l'argent, appeler en Allemagne (donc de préférence, d'Allemagne), etc. Finalement je rencontre des „jeunes", dont Vincent qui me prête son téléphone et, quand je dis que je reste côté Francais pour acheter une bouteille d'Alsace pour mes hôtes allemands, insiste pour m'en sortir une de son garage (Pinot Noir de 2009 !!) et m'accompagne jusqu'à la voie verte, non sans m'avoir abondamment invité à dormir chez lui. Je trace : j'ai 80 km d'endorphines dans le système et ni l'énergie de refuser plus longtemps ses avances, ni certainement celle d'y accéder.

    Toujours côté francais, j'appelle à la maison et m'arrête après Kempf sur un parking de terre battue le long de la voie verte, et je plante ma tente. Pourquoi pas ? Ca ne prend pas plus de place qu'une voiture.

     

    22/04

     

    Kempf : Grasse matinée jusqu'à 8h30. J'appelle le boulot pour faire le point (je dois rentrer début Mai à St Étienne pour une mission d'interprétariat. Je dois rappeler vendredi. Arrivée à Freiburg, je suis accueillie par Andi, grand gaillard roux futur prof d'anglais, et il me montre la chambre de Konrad, le troisième coloc, qui ne devrait pas rentrer avant quelques jours. Une quizaine de minutes plus tards, Konrad arrive en me disant „Ich wohne hier“ (j'habite ici) et je bas retraite dans la chambre de Jörg, un peu mal à l'aise... Enfin il rentre de son boulot et nous refaisons un peu connaissance.

     

    23/04

    Visite de Freiburg. Photos : peu de pubs choquantes, beaucoup de graffitis et autocollants, allant du hippie à l'antifa. Beaucoup de lieux bobo ou new age, immobilier extrêmement cher. Diskotheke.

    Lu : Dan Millman, „Der Friedvolle Krieger“. Normalement je suis assez anti-traduction primaire et ne lis qu'en VO mais là c'est pour apprendre...

     

    24/04

    Départ pour Strasbourg. Dommage, Andi était beau...

    Bande-son : Education Sentimentale (Maxime Leforestier)


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  • A gauche : Non !

    - A Hartz4 (minijobs)

    - Aux coupes dans le budget de l'éducation

    - Etc.

    A droite :

    -À bas le travail !


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