Nous, residents de la Republique,

Ou le rose a des reflets bleus,

Residents, residents de la Republique

Des atomes fais ce que tu veux"

Alain Baschung

Apres un petit passage et une petite manche a Bergedorf, j entre dans la grande ville et y rencontre Gladys (un garcon) et Ilona, qui pique-niquent de bouffe recuperee dans une ecole maternelle. Gladys, qui vient de partout, de nulle part et du Canada, n arrete jamais et se rejouit de tout. Nous echangeons nous stylos billes, ce qui fait de lui l heureux proprietaire d un 4 couleurs qui n ecrit que vert. il est content, et moi, j ai un stylo noir pour ecrire en couleur normale.

Puis j entre dans la Rote Flora, plus vieux squat de Hamburg. Suis venue pour une expo, pour absorber un peu de negativite aussi. Tout cet air pur, ces jardins, ces gens sains... Ou peut etre que je me sens un peu seule a Sueckau, immergee dans le nouvel esprit du capitalisme. C est sombre, c est punk, trop punk pour moi en tous cas, et le prix libre est dument compte. Mais l expo pour laquelle je suis venue est bien, des bouquins de l auteur de BD Mikael Ross disponibles pour la lecture, des petits fours (vegans) sucres... Une fois le bouquin lu, je ne connais personne, n ai rien a faire ici,vraiment, alors je m assois dehors, pres de clodos, et ecoute un type qui joue de la guitare. La difference entre un voyageur et un clodo, c est l alcool. C est tout. C est la premiere difference, et elle entraine toutes les autres. Ces types s en foutent et virent le guitariste,qui les empeche de dormir, je parcours les rues avec lui, puis il va se coucher, dans un village de caravanes qui l heberge pour la semaine. Moi, anarchiste des champs un peu perdue dans la ville, je decide d attendre le petit jour pour fuir le beton.

Au matin je prend le RER local, direction Bergedorf ou j ai vu une petit asso d auto-reparation, sensee etre ouverte. La je rencontre Jens, le "docteur des outils", et Udo, ancien technicien dans la marine de guerre. on discute, j essaie d aider mais pas grand-chose a faire, ils m offrent plein de trucs (du fil cire, une pierre a aiguiser, un minikit de clefs Allen...) et moi j essaie de leur dire que je n en a pas besoin et fais un modeste don a l asso. J achete encore une serviette, quelques bouquins d occase dans une de ces librairies ou je pourrais bien prendre racine... Sur le chemin de la sortie d autoroute, je recroise Jens, qui m invite a manger... Pas dans un snack mais dans un vrai resto. Je suis un peu genee, mais trop tard. Je ne peux plus rien, sinon me pronmettre d envoyer des cartes postales. Je suis fatiguee, alors je repars, pouce haut, esperant retrouver mon lit (qui est tres bon. Faut reconnaitre au moins une qualite a ma situation actuelle : le lit. Sur le chemin je rencontre : Un jeune couple, une femme peu loquace, une ergotherapeute de Lauenburg (a l aller j etais deja avec une Ergo, apparemment un corps de metier enclin a prendre des autostoppeurs), un retraite allemand, mais vivant principalement au Peru, et enfin Tina et Kai, amis de Doro et Lars, qui m amenent jusqu a Sueckau.

J ai dormi, et a mon reveil il y avait les parents de Doro, sa soeur et sa niece, et de bons Spaechtel a la Bolognaise.

1er juin

Je ne vois toujours que les mauvaises herbes qui verdoyent et le crottin de cheval qui poudroit. Ai donc dit a Doro que j allais chercher un autre lieu, et en attendant, retourner a Presberg un moment. Il est possible que le matos de construction arrive d ici a mon retour, dit-elle. Dans ce cas je pourrais envisager de rester encore un peu.

2 juin, soir

Ce soir en me levant pour aller aux toilettes, je sens la bonne odeur du repas que mes hotes se font en cachette, apres m avoir gracieusement cuisine quatre minipizzas surgelees pour midi, et s etre plaints que je veuille a nouveau "manger chaud" ce soir. bien note.

3 juin.

Le clash est venu, sous forme d un Lars qui m a sortie de ma chambre pour me montrer que j avais "fait un boulot de merde" et me dire de le defaire et de le refaire. Ce que je n ai pas fait, puisque comme prevu je pars demain. Lars etant bien sur inaccessible, ai dit a Doro que je ne repasserais que pour prendre mon velo. Ai pas mal parle avec son pere, sympa et feru de velo, en essayant de ne pas trop me plaindre mais sans grand succes...

4 juin

Alors que je desespere, pouce au vent, a la sortie du village et que tous les cons en voitures neuves (quand on se desespere, un type qui ne s arrete pas, c est un con en voiture neuve. Faut pas le prendre personnellement, c est une question d etat d esprit) font mine de ne pas me voir,une voiture jaune de la Poste pointe son nez au coin de la petite route de Preten, le village voisin et la dame a l interieur me faire signe.

Je cours, j accours. Elle s appelle Angela, renove une maison dans le coin avec son mari et me demande si je veux venir une semaine : eux aussi accueillent des volontaires du monde entier, maischez eux, c est plus detendu et y a de la glace tant qu on en veut. Alors, je continue direction Presberg, mais je promets de venir apres mon retour.